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PROJET DE FIN D'ETUDES / L’épuisement des Malassis

Les ressources endogènes, un levier pour une
requalification urbaine alternative aux propositions de l’ANRU, dans un quartier de Bagnolet, Seine-Saint-Denis
PFE master 2 - Paris Malaquais - Encadré par Steven Melemis et Ariane Wilson - 2017
L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) classe le quartier des Malassis, à Bagnolet Quartier prioritaire de la Politique de la Ville (QPV). Il le considère avec la même distance que lorsqu’il a été conçu, dans les années 1970, et le regard des aménageurs ne semble jamais descendre sur terre et côtoyer celui des habitants du quartier. Le plan masse domine et des réponses presque génériques sont plaquées sur des territoires pourtant bien spécifques. La mixité sociale et le désenclavement sont les arguments principaux pour justifer la destruction des dalles, barres et tours les plus monumentales. Les reconstructions mêlent généralement logement social (pour des ménages moins pauvres qu’avant démolition – les plus pauvres s’en allant plus loin en périphérie) et logement en accès à la propriété. La résidentialisation de ces derniers immeubles permet généralement aux nouveaux habitants de la petite couronne de vivre dans un entre soi. Il semble légitime de se questionner sur les destinataires des projets de renouvellement urbain : la seule solution est-elle de remplacer une partie de la population des quartiers populaires et d’en renouveler le bâti ?

Je propose une alternative au Programme de Renouvellement Urbain (PRU - le NPNRU étant en train de s'initier) de l’ANRU, à penser pour et avec les habitants actuels des Malassis. Il me semble nécessaire de considérer les ressources en présence le bâti sous-occupé et les dynamiques associatives notamment –, ainsi que les conditions d’organisation de la société civile et la politique de la ville en vigueur. Imaginer un empowerment des associations et des habitants peut permettre de penser différemment la requalification de la dalle Maurice Thorez, délaissée et partiellement vide depuis quinze ans déjà. Il s’agit d’accepter que les problèmes urbains ne sont pas exclusivement liés à la forme architecturale, mais qu’ils sont intrinsèquement liés à des questions de maintenance et de relations entre acteurs. Pour retrouver une nouvelle dynamique, la dalle Thorez a besoin d’une approche qui s’inspire de l’observation et de l’enquête de terrain anthropologique. L’architecte, acteur conscient de l’existence d’un réseau d’autres acteurs, peut alors envisager des solutions plus larges et co-construites localement. La requalifcation urbaine doit aller au-delà de l’amélioration des apparences. Elle peut être l’occasion de penser un système d’organisation pérenne, sans lequel elle ne serait qu’une illusion temporaire et imposée par des pouvoirs publics loin des réalités socio-culturelles du quartier.
Le projet consiste à percer partiellement la dalle, afin de créer un passage vers le quartier des Malassis (soit par le rez-de-chaussée de l'immeuble, soit par l'actuelle piscine - qui devrait être reconstruite). Cette percée permet de redonner de la lumière aux dessous de dalle, et ainsi de les réinvestir.
Le dessus de dalle, une fois réimperméabilisé, sera réaménagé. Il pourra alors accueillir des projections, de nouvelles jardinières, et du mobilier permettant aux riverains de venir s'asseoir, jouer, pique-niquer...
Une régie / table de quartier devra occuper le local à l'angle de la dalle, des ateliers de construction (menuiserie, ferronnerie) permettront de réaliser le second oeuvre sur place.

Certains locaux ne sont pas dessinés. Il appartient aux acteurs associatifs ou aux entreprises qui souhaiteront les occuper de décider comment ils souhaitent les aménager. Le processus de projet comprend donc des variantes de mise en oeuvre (classique avec des entreprises, concerté et local avec les entreprises de la régie, participatif avec des associations comme Ya+K - déjà présente sur place, ou en auto-construction - potentiellement accompagnée).
Enfin, l'espace disponible sous la dalle permet de reconfigurer les équipements existants et défaillants - conservatoire de danse et de musique et centre socioculturel, menacés de déménager par manque d'espace et vétusté ! La salle de spectacle des Malassis pourra être agrandie, une salle de répétition avec double hauteur ainsi que des studios de musique et d'enregistrement seront à disposition des conservatoires, centre social et associations désireuses.

MEMOIRE DU PFE : https://issuu.com/perrinefcmx/docs/memoire_pfe_perrine_philippe
Un réseau d’acteurs associatifs
L’enquête m’a permis d’observer le réseau associatif comme une trame sociale et culturelle complémentaire aux équipements et services publics. Je tâchais alors de comprendre l’ampleur des activités associatives, leur lien avec des espaces relais, leur fonction (parfois) de lieu-commun et de tiers-espace. Indéniablement, certains de ces acteurs pouvaient avoir un lien avec un projet de réhabilitation urbaine.
Montage filmique polyphonique restituant l'enquête de terrain de mon projet de fin d'études.

Tout au long de l’enquête, j’enregistre les entretiens et discussion avec différents acteurs du quartier des Malassis: habitants, associations, employés municipaux et bailleur social, décideurs à l’échelle de agglomération...
En même temps, des promenades photographiées et dessinées me permettent d’affiner ma perception des potentiels et problèmes spécifiques au quartier, et surtout à la dalle Maurice Thorez. Le montage, la superposition d’informations de différente nature me permettent progressivement de construire un point de vue, d’ouvrir sur un projet. Le film fut donc un outil d’enquête, mais il est aussi un efficace outil de restitution, facilement abordable.