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L’environnement a subi les assauts répétés des pollutions issues du système de production de masse.
L’air est vicié, et les sols, de plus en plus stériles. La population restante doit composer avec les miettes de l’ancien monde pour tenter d’organiser sa survie.
L’Intelligence Artificielle, développée avant l’effondrement du système capitaliste, porte l’espoir d’un nouveau modèle en perpétuel ré-agencement et offre aux humains une nouvelle voie propice à leur régénération et à terme, à leur élévation. L’IA, dont la maintenance exige un travail et un approvisionnement énergétique continus, propose la création de bulles destinées à abriter de la pollution un cheptel de 1200 individus.
De taille limitée, les bulles ne sont pas en capacité d’accueillir la totalité de la population. Une forte ségrégation socio-spatiale se met donc en place entre ceux qui vivent dedans et ceux qui vivent dehors.
A l’extérieur, les hommes sont incités à travailler à la construction d’une nouvelle bulle. En attendant l’air sain, ils sont approvisionnés en médicaments et bricolent un éventail de masques plus ou moins filtrants.
Les bulles, dont le plan est circulaire, sont des modèles ultra géométriques pouvant évoquer les utopies de Buckminster Fuller. Elles sont coupées et préservées du désordre externe par un système de haute sécurité. L’organisation à l’intérieur de la bulle est profondément totalitaire mais acceptée en tant que telle :
le désaveu humain de gérer lui-même sa société est généralisé et l’on préfère alors confier cette tâche à une entité tierce. L’égalisation forcenée des humains qui se trouvent dans la bulle repose sur un système de zonage associé à une rotation productive (décrit dans le livret des cartes). Chaque individu s’adonne ainsi à toutes les tâches successivement en se déplaçant selon un rythme imposé. Ce fonctionnement fait miroiter l’idéal d’une société non hiérarchique où le travail de chacun bénéficie à tous. A l’extérieur, déchets et taudis accueillent ceux qui rêvent de pouvoir un jour rentrer dans une bulle.
L’enjeu le plus important de cette dystopie est peut-être l’éloignement volontaire des humains de la gouvernance de leur propre système. La délégation du pouvoir à la machine souligne un renoncement des hommes à organiser et à planifier après les conséquences dramatiques de leur gouvernance passée.
L’IA s’appuie sur des valeurs humaines (l’égalité, le bien-être, la sécurité) pour justifier son système.
Elle va jusqu’à intégrer des loisirs et même de la spiritualité à la vie de la bulle pour donner l’impression aux humains que le système émane effectivement d’eux-mêmes. Elle se présente ainsi comme la synthèse informatique de la multitude des esprits humains.
BULLOCRATIE
Une fiction imaginée par Valendes et Pepe
Extraits graphiques
Fragments
Bullocratie est une fiction en plusieurs livrets. Ces bribes invitent le lecteur à vagabonder et à formuler sa réflexion en articulant des éléments disparates. Les différents livrets qui composent l’ouvrage sont autant de points de vue complémentaires et subjectifs : chacun développe une narration propre et a été émis par un acteur fictif différent. Comme l’archéologue, le lecteur assemble des vestiges imaginaires dans le but de reconstituer un système cohérent.
(textes : Valendes, dessins : Pepe)
Maquette de la boite
Si vous êtes curieux, n’hésitez pas à demander la version complète en PDF ou à consulter le n° 15 de la revue Chantiers Politiques.